Conseil municipal

Prochaine réunion

Jeudi 23 février à 20h15

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Créon - son histoire

Au Moyen-Age, l’’Entre-deux-Mers faisait partie detrois diocèses : le Bordelais, le Bazadais et l'Agenais. Ils appartenaient à la Guyenne.. La Guyenne correspondait alors à la province d'Aquitaine quand elle fut possession anglaise de 1258 à 1453. Elle regroupait le Bordelais, le Bazadais, le Périgord et l'Agenais.

 

 Avant que le territoire ne soit découpé en départements en 1790. Créon, Cadillac et Libourne se trouvaient en Bordelais, alors que Sauveterre-de-Guyenne, Blasimon, Pellegrue et Monségur étaient en Bazadais. Seule Sainte-Foy-la-Grande appartenait à l'Agenais. Après l’annexion de l’Aquitaine au royaume de France au IXème siècle, les ducs d'Aquitaine ont cherché à agrandir leurs possessions et à être le plus indépendant possible. Ainsi, la région a atteint au milieu du XIème siècle une superficie considérable allant de la Loire aux Pyrénées et de l'Atlantiques aux Cévennes.

 

L'histoire des bastides de l'Entre-deux-Mers et du Libournais donc de CREON se rattache à celle de Bordeaux et du duché d'Aquitaine.

Les Anglais

A cette époque, une femme va jouer un rôle clé dans l'histoire de l'Aquitaine, Aliénor (1122-1204), unique héritière de Guillaume X, duc d’Aquitaine. Mariée au roi de France Louis VII, répudiée le 18 mars 1152 sans avoir donné d'héritier au roi, elle épouse en secondes noces Henri Plantagenêt, comte d'Anjou et du Maine. Elle lui apporte le duché d’Aquitaine en dot. Devenu roi d'Angleterre en 1154, Henri II Plantagenêt rattache Bordeaux et sa région à la couronne anglaise. Cette province sera, pendant près de trois siècles, sous la domination anglaise. La rivalité qui s’en suit entre les rois de France et les rois d’Angleterre conduira à la guerre de Cent Ans.

Les Bastides

C’est en Midi-Pyrénées que l’on voit surgir la notion de « bastide » après la fin de la guerre des Albigeois. En 1229, le traité de Meaux-Paris autorise le comte de Toulouse à construire de nouvelles agglomérations pour peu qu’elles ne soient pas fortifiées. La construction de ces villes « neuves » se déroule entre deux importantes périodes de conflits, la guerre des Albigeois (1209-1229) et la guerre de Cent Ans (1337-1453). En moins de 200 ans, environ 350 bastides, réparties dans tout le grand sud-ouest (soit 14 départements) sont fondées. Beaucoup d’entre elles ont disparu ou n’ont pas abouti. Ces habitats nouveaux sont fondés soit sur un lieu dépourvu d’habitat, soit sur une occupation antérieure, mais avec toujours pour but le peuplement d’un territoire. Ces villes « neuves » seront les bastides.Le nom de bastide, bastida, est utilisé dans les pays de langue d’Oc pour désigner une habitation ou un habitat. De nombreux actes du XIIIème siècle ont permis de préciser son sens : bastidaseu villa nova, bastide ou village neuf. L’alternance du pouvoir avec l’Angleterre aura pour conséquence que certaines seront dites bastides françaises et d’autres bastides anglaises. Créon est une bastide anglaise. En Gironde, une seule de ces fondations est française. Il s'agit de Sainte-Foy-la-Grande, créée en 1255. Les autres bastides de la Gironde sont de fondation anglaise, créées par le roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine. Le roi-duc Edouard 1er fonde la bastide de Monségur en 1265. S'ensuit la création des bastides de Libourne (1270), Cadillac (1280), Sauveterre (1281), Pellegrue (1273-1283), Créon (1315) et Blasimon (1317-1322).

L'urbanisation des bastides

Le phénomène de création des bastides s'accompagne en amont d'un mouvement d'urbanisation beaucoup plus large. En effet, le Sud-Ouest de la France connaît entre le XIème siècle et le début du XIVème siècle une très forte augmentation de la population. En réponse à cette montée démographique, on constate une colonisation des territoires provoquée par la nécessité d'augmenter les surfaces cultivées. Le plateau de l'Entre-deux-Mers était, au début du Moyen âge, recouvert par des forêts. A partir du XIème siècle et pendant plus de cent cinquante ans, des défrichements sont réalisés, autour de l’abbaye de La Sauve-Majeure (Silva Major), afin de rendre ces terres exploitables. De nouveaux habitats groupés peuvent alors s'implanter comme Créon (1315), bastide toute proche de l'abbaye.

La fondation des bastides

Elle résulte, en général, d'un contrat de paréage entre l'autorité souveraine (c'est-à-dire le roi, ses sénéchaux ou ses vassaux) et l'autorité locale (souvent une abbaye donc l’abbé du lieu). La bastide est également dotée d'une charte de franchises ou de coutumes régissant les droits des nouveaux occupants et répond à une organisation administrative. Ces chartes de fondation édictent les lois, droits et devoirs qui régissent la vie dans la ville nouvelle, prenant la forme de coutumes, franchises ou privilèges. Ce terme de "privilège" reflète bien le caractère attractif du principe de la bastide. Les populations, venues peupler ces villes, sont pour la majorité issues du milieu rural et souvent serfs d'un seigneur local. Ils aspirent pour la plupart à devenir des bourgeois libres et à s'enrichir, espoir rendu possible dans une bastide, la servitude y étant exclue. A leur arrivée, ils reçoivent des terres à occuper en habitation à l'intérieur de la bastide et  à cultiver à l’extérieur. Ils sont également exemptés de certains impôts.  Le but de ces privilèges n'est pas d'émanciper ces populations, mais bien de les regrouper et de les retenir dans des structures organisées et rentables. L'organisation administrative de la bastide était définie par les chartes. Le baile ou prévôt (baile est un terme d’origine française, prévôt est un héritage anglais) principal représentant du roi dans la bastide, est placé sous l’autorité du sénéchal, représentant le roi dans la province. Il est désigné dès le début de la construction de la bastide comme responsable de la juridiction, de l'administration et de la gestion de la bastide, chargé par exemple de l'installation des habitants et de la construction des bâtiments publics (la halle, l'église, l'enceinte). Il est secondé par des administrateurs locaux, les jurats, élus ou choisis par le prévôt et renouvelés chaque année. Le sceau de la ville est gardé par deux notables qui changent chaque année avec les jurats. Il est le symbole de la cité placée sous la sauvegarde du roi, ce qui montre bien la dépendance de la bastide. Presque toutes les chartes de fondation fixent les mesures locales, souvent les mêmes que les villes plus anciennes du voisinage : les poids et la monnaie, concession du droit de mesurage du blé et du vin, du droit de pesage, les jours de foire et de marché, règlements commerciaux relatifs à la vente des marchandises, à la mainlevée des denrées et à leur stockage dans la bastide.

Les bastides ont été construites dans un temps de paix relative entre l'Aquitaine anglaise et le royaume français. Elles n'ont pas été créées pour être des forteresses mais ont servi essentiellement à marquer un territoire politique et à développer économiquement une région tout en y fixant la population. Elles représentaient en outre un avantage économique certain. La vie de ces villes commerciales était réglée par le rythme des foires et des marchés. Des taxes sur les marchandises et des péages assuraient des revenus conséquents. Des droits économiques ont ainsi pu être instaurés sur des terres où il n’y en avait aucun. Malgré leurs privilèges, les habitants payaient des redevances, le cens, l’esporle et une taille générale pour bâtir la ville. Les bastides contribuaient à augmenter rapidement les revenus du duché. On y observe une conception rigoureuse dont les critères démontrent la volonté de créer des villes organisées et pratiques, simples à mettre en place et répondant aux attentes administratives et commerciales des fondateurs. Peu de place est laissée au hasard dans le choix de l'emplacement, du tracé des rues, de la construction des édifices et de la clôture de la ville. L'urbanisme des bastides se caractérise avant tout par leur plan quadrillé orthogonal. Il permet une prise de possession rapide et ordonnée du territoire par des moyens simples, peu coûteux et efficaces. La plupart des bastides prennent la forme d'un quadrilatère assez régulier où les rues sont de longueur uniforme et se coupent à angles droits. Le plan le plus répandu est celui organisé par deux voies principales qui se croisent en son centre. Là se trouve la place, à partir de laquelle est défini le module carré ou rectangulaire qui sera répété pour tous les autres îlots de la bastide. Le plan de la bastide est donc divisé en lots à peu près égaux, qui sont distribués entre les habitants. On distingue trois catégories de lots. L’emplacement à bâtir (ayral), de forme rectangulaire avec une façade étroite donnant sur la rue doit être construit par les habitants dès la prise de possession de leur parcelle, une parcelle pour le jardin potager (casal) et une parcelle à la périphérie de l'agglomération : arpents de terres labourables destinées à la mise en culture. Pour l’exercice d’un commerce, les emplacements les meilleurs sont ceux situés autour de la place et le long des rues principales.

La place dans une bastide

Centre du dispositif et constitue la principale articulation urbaine. Elle est le plus souvent de plan carré. On y accède par des rues d'angle qui correspondent aux rues principales de la bastide. Elle regroupe les activités les plus importantes: politique et administrative avec l'hôtel de ville, commerciale et économique avec le marché et les foires, sociale étant le premier lieu public de la ville. Ses côtés sont bordés de maisons, construites sur des galeries à arcades qui  sont appelées "cornières", "couverts" ou « arcades ». Elles servent à la circulation ou protègent les commerces selon les époques. Les arcades sont aujourd'hui dévolues aux piétons et aux boutiques. Le tracé du plan tenait compte de la création d’un espace public. Ce parcellaire devait contenir une population dont les activités allaient permettre le développement économique de l’agglomération.

En tant que place du marché, le cœur de la bastide est un lieu d’échanges très fréquenté. On trouve fréquemment une halle en son centre. Elle vient renforcer la fonction commerciale de cet espace. Les jours de marché, les commerçants s'installent à la fois sous la halle et sous les couverts.

L'hôtel de ville

ou maison communale est également bâti sur cette place. La place est donc aussi le centre administratif de la cité.

Les fortifications

Dans un premier temps, les bastides sont retranchées derrière des palissades de bois, précédées de fossés. Lorsque les remparts sont construits en pierre, l'ouvrage est considérable et onéreux.

Le réseau de voirie

Une hiérarchie est établie suivant la fréquentation et la fonction de chaque voie. La route relie villes et villages. La rue, c’est le symbole de la ville. Le plan d’une bastide accomplie est constitué d’un réseau de rues selon une prédominance géométrique qui  permet de découvrir la volonté d’organisation des fondateurs (voies de transit, voies de dessertes, rues avec des fonctions : charretières, piétonnes, mixtes). L’organisation de l’espace est rythmée par les rues qui définissent les îlots à bâtir. Chaque îlot est bordé de 4 rues dont 2 sont souvent charretières (carreyras accessibles aux attelages et au bétail) et 2 plus étroites, à dominante piétonne destinée à faciliter l’accès à l’arrière des habitations. La largeur des rues est en adéquation avec leur fonction. La ruelle (ou androne) est un espace public qui a une fonction piétonne du fait de sa largeur. Elle recoupe les îlots. Son rôle est d’aérer la masse de l’îlot pour le rendre plus commodément accessible. C’est aussi un lieu de rencontre, de voisinage et d’échange. Un espace de sociabilité.

L’îlot se présente avec une façade sur la place publique.

 

L'église

Elle se trouve couramment à proximité d'un des angles de la place. Cette situation révèle la distinction qui est faite entre le spirituel et le civil dans la bastide.

CREON, sa naissance

Situation géographique : le choix du site

Chaque bastide de l'Entre-deux-Mers et du Libournais possède une position géographique remarquable et intéressante. Sauveterre-de-Guyenne, Créon et Pellegrue sont placées sur l'axe de voies importantes. Libourne, Cadillac et Sainte-Foy-la-Grande sont en bord de fleuve leur permettant un développement portuaire. Blasimon et Monségur se trouvent en hauteur, la première domine la vallée de la Gamage et la seconde, la vallée du Dropt. Ces emplacements privilégiés permettent de contrôler une voie de passage et de maîtriser un territoire, mais aussi de développer le commerce.

Ainsi, la ville de Créon, chef-lieu du canton du même nom dans le département de la Gironde, arrondissement de Bordeaux, est située sur un plateau élevé d’une altitude de 109 mètres, ce qui en fait un point culminant. Elle se trouve à égale distance de la Dordogne et de la Garonne. Elle est la bastide de l’Entre-deux-Mers la plus proche de Bordeaux (20 km.), bâtie au carrefour de deux grands axes de communication routière, de Bordeaux à La Sauve-Majeure et de Libourne à Langoiran.

Historique

La fondation d'une ville nouvelle implique le choix d'un nom. Créon a adopté le nom de son fondateur, Amaury de Craon. Les seigneurs de Craon sont issus d’une famille connue depuis le XIème siècle en possession d'un château en Anjou. Pendant un siècle, ils furent de père en fils sénéchaux de l’Anjou pour le roi de France. Amaury de Craon ou Almaric de Credonio, naquit vers 1280 de parenté illustre puisqu’il était cousin issu de germain du roi d’Angleterre Édouard II. Il fut nommé sénéchal de Gascogne, c’est-à-dire représentant du roi d’Angleterre dans la province. La bastide de Créon a adopté le nom de son fondateur. Par la suite, Craon est devenu Créon.

Elle est la dernière ville bastide de Guyenne fondée par Amaury III de Craon, nommé sénéchal de Gascogne le 5 juillet 1313 par le roi d’Angleterre Édouard II.

Créon aurait été créée pour devenir chef-lieu de la Prévôté de l’Entre-deux-Mers car cette région ne possédait aucune ville pouvant servir de résidence au prévôt, aucun chef-lieu administratif appartenant au roi d’Angleterre. De plus, les autorités de Gascogne voulaient mieux contrôler le cœur de l’Entre-deux-Mers et neutraliser l’influence du roi de France autour de l’abbaye de La Sauve-Majeure. Elle est donc établie face à l’abbaye de la Sauve-Majeure, ce qui constitue une véritable provocation. L’emplacement choisi est stratégique puisqu’il permet de contrôler le carrefour des voies conduisant du gué de Fronsac à celui de Langoiran, et de Bordeaux à l’abbaye. 

Comme pour toute bastide, une charte de coutumes fut établie, désignant la ville sous le nom de bastide et codifiant les devoirs mais aussi les privilèges et avantages concédés par le roi afin que la ville soit autonome. Chaque semaine, selon la coutume, a lieu le marché et plusieurs foires sont organisées dans l’année.

CREON, La charte du 13 juin 1315

Elle est connue par un double vidimus. Le premier vidimus reprend le contenu des lettres patentes de la cour de Gascogne ainsi que la retranscription intégrale des lettres patentes d’Amaury de Craon, datées du 13 juin 1315. Le second vidimus, daté du 18 mai 1316, est dressé par la chancellerie royale de Westminster.

Créon devient au XVIème siècle siège de la Grande Prévôté Royale de l’Entre-Deux-Mers. Elle possède alors juridiction sur 45 paroisses environnantes. Puis, comme la plupart des bastides de l’Entre-deux Mers, elle devient chef-lieu du canton à la Révolution.

Urbanisme

Créon (806 hectares) est une bastide qui fut construite selon un plan régulier composé de lots carrés d’une superficie proche de celle de la place centrale, soit environ 70 mètres de côté. Les îlots périphériques sont tronqués car la bastide s’inscrit dans un périmètre circulaire, déterminé par le chemin de ronde.

Les rues ont été tracées perpendiculairement. Le plan est construit sur deux axes parallèles nord-ouest/sud-est qui se croisent perpendiculairement avec deux autres axes parallèles sud-ouest/nord-ouest. Le croisement de ces axes détermine une place de plan carré, centre géométrique de la bastide, le marché, cœur économique et social de la ville. C’est d’ailleurs autour de ce centre que la densité bâtie est la plus importante. Toutes les autres parcelles sont tracées à partir de ce modèle.

CREON, sa place

Elle est l’élément structurant du plan. C’est le lieu des échanges. Bordée de couverts sur trois côtés, elle conserve un peu l’allure qu’elle devait avoir au Moyen Âge. Il faut cependant imaginer que le sol était partout au même niveau, sans routes ni trottoirs qui viennent en rompre l’unité.

CREON, ses façades

Elles sont assez récentes car remodelées pour la plupart au XVIIIème et au XIXème siècle. Les arcades sont très modifiées, certaines ont disparu. Jusqu’au XIXème siècle, la circulation se fait sous les arcades. La place est conçue de telle façon que les rues soient dans l’alignement des couverts. Elle ne peut être traversée en raison de la présence d’une halle. En effet, la place comportait une halle depuis le Moyen Âge. Une halle en bois existait au XVIIIème siècle et constituait un marché couvert sur la place. Elle a dû être remplacée par un petit bâtiment en pierre qui devait se composer d’un bâtiment central et de deux bâtiments latéraux. Cet édifice fut démoli en 1872.

CREON, l'Hôtel de la Prévôté

l’Hôtel de Prévôté d’Entre-deux-Mers était un édifice royal élevé en 1549. Il fut restauré au XVIIIèmesiècle puis transformé en mairie au XIXème siècle. Détruit en 1906, il a été remplacé par un hôtel de ville, reconstruit en 1907 grâce au legs d’Antoine Victor Bertal, riche commerçant niçois originaire de Créon, puis en 2007.

CREON, empreinte de l'enceinte

Créon n’a probablement jamais eu d’enceinte de pierre. Des palissades de bois suivaient le tracé circulaire d’un chemin de ronde placé à l’arrière, toujours visible aujourd’hui. En effet, ce chemin, contourne le noyau de la ville. Il est appelé "le chemin de ronde" par les Créonnais, mais il correspond à l’enceinte primitive de la bastide. 

L’accès à la ville se faisait par quatre entrées qui correspondaient aux principales voies.

 

CREON, son église

Elle se trouve couramment à proximité d'un des angles de la place. Cette situation révèle la distinction qui est faite entre le spirituel et le civil dans la bastide. Cet emplacement particulier et l'espace accordé à l'église, qui occupe la surface d'un îlot, montrent l’importance de  l'église dans la bastide. A Créon, elle est située à l’angle sud de la place, légèrement en retrait. Comme pour les îlots, elle est disposée parallèlement aux voies de communication ; son plan suit donc un axe nord-ouest/sud-est.  

La construction d’une église paroissiale à Créon fut laborieuse en raison des tensions qui existaient entre l’abbaye de la Sauve-Majeure et la ville nouvelle dont les moines réclamaient l’autorité. Édouard III, érige le 5 juillet 1342 la bastide en ville libre par rapport aux religieux en échange du rattachement de la cité à la couronne anglaise. 

L’église a conservé une statue d’une Vierge à l’Enfant sculptée en calcaire. Elle se trouve dans la chapelle latérale nord et mesure 139 cm. de haut, pour 47 cm. de large et 42 cm. d’épaisseur. Son origine n’est pas déterminée.

CREON, charte des coutumes

Conditions de peuplement, habitations, les nouveaux habitants seront soumis à la réglementation suivante en ce qui concerne leurs demeures. Les emplacements mesureront 22 pieds en largeur et 66 pieds en profondeur ; de plus ils comporteront un enclos (casale) pour leur jardin, d’une superficie approximative d’un sadon. Chaque emplacement de maison sera soumis au paiement  d’un cens annuel de 12 deniers dus au seigneur et d’une esporle de 6 deniers, à mutation de seigneur ; d’un cens annuel de 6 deniers et d’une esporle de 2 deniers pour le sadon ; cens et esporles augmenteront ou diminueront suivant que les surfaces concédées auront été trouvées, après vérification, plus grandes ou plus petites, sans modification du lot. Les maisons en bordure de la place du marché seront d’un type spécial, avec cornières, auvents et fenêtres donnant sur la place ; cens et esporles seront doublées sans plus, pour ces habitations particulières. Le mode d’exploitation des carrières pour la pierre de construction est déterminée. Un délai d’un an est accordé aux habitants pour l’achèvement de leur maison ; les défaillants seront condamnés à une amende de 100 sous tournois. Des sanctions sont prévues en cas de non-paiement des cens et des esporles aux époques déterminées. Des parcelles de bois, de taillis et de terres en friches seront attribuées aux bourgeois. La mesure adoptée est la conche, et le cens annuel sera de 3 sols tournois. Une conche pourra rester en nature de bois.

Régime des biens :

Les bourgeois auront toute liberté pour vendre, donner ou léguer à qui ils voudront ; une seule condition est imposée à l’acquéreur, celle de payer à la place du vendeur les cens et esporles prescrits, après investissement par le seigneur roi ou par ses officiers. En cas de décès sans testament et à défaut de ligne directe, les biens du défunt seront attribués au plus proche parent avec mêmes obligations des héritiers à l’égard du seigneur ; s’il n’y a pas d’héritiers, les biens immobiliers reviendront au roi, à défaut d’engagements particuliers du décédé envers d’autres seigneurs ; quant aux biens mobiliers, ils seront tous indistinctement attribués au roi.

Administration :

Le territoire de la nouvelle bastide sera limité par celui de la juridiction, telle qu’elle sera précisée plus loin. Il englobe les paroisses de Haux, de Saint Genès de Lombaud, de Baurech, de Cambes, de Sadirac et de Cursan. La bastide de Créon, seigneurie royale, prend donc place entre les seigneuries de l’abbaye de La Sauve Majeure, de Rions et de la vicomté de Benauges. Ladite bastide, ses bourgeois et habitants, auront une commune et les attributs d’une commune, comme les autres villes et bastides du duché de Guienne ; ils auront le sceau de la commune et une ou plusieurs cloches ; ils pourront user de ce sceau commun pour toutes les affaires qui leurs seront communes et l’entière confiance qui s’attache à un sceau authentique leur est accordée. Il est concédé que dans ladite bastide et commune existent 6 jurats élus chaque année par les jurats en exercice ; baile et jurats auront le pouvoir d’administrer et de gouverner ladite ville et son territoire. Le baile, les jurats et la commune pourront faire des règlements appropriés, fixer et répartir des tailles sur ladite ville et sur son territoire pour le bien commun, les percevoir et obliger les récalcitrants à s’en acquitter. Lorsqu’un nouveau sénéchal sera nommé, il devra jurer au nom du roi de respecter les libertés, droits, coutumes et règlements  de la bastide, et les jurats de leur côté jureront fidélité au roi ; les mêmes serments s’échangeront entre le baile et les jurats à chaque changement de baile. Baile et jurats nommeront et pourront révoquer d’un commun accord le crieur public, les gardes champêtres  et les 4 sergents ; ils désigneront  aussi des notaires en nombre suffisant, mais cette désignation sera confirmée par le sénéchal au nom du roi.

Défense et fortifications :

Les habitants de Créon seront armés pour la défense de la bastide. Les armes dont ils seront pourvus ne pourront en aucun cas être saisies. Ils sont exemptés su service d’ost pendant dix ans. L’enceinte fortifiée, avec 4 portes et fossés de protection, sera bâtie aux frais du roi.

Justice et police :

Dans toute l’étendue de la juridiction s’exercera le pouvoir judiciaire du baile et des jurats ; il y remplacera celui du prévôt de l’Entre-deux- Mers avec droit de haute et basse justice. Le baile reçoit pour le territoire de la bastide les mêmes pouvoirs que le prévôt de l’Entre-deux-Mers dans toute l’étendue de la prévôté. La liberté individuelle est assurée : nul bourgeois ne pourra être cité à comparaître devant une autre cour que celle du baile et des jurats, sauf quand il aura opté pour une autre juridiction, et en cas d’appel. Pas de prison pour dette ou pour tout autre délit non considéré comme un crime. Quand il y aura crime, on observera à l’égard de l’accusé les prescriptions de la coutume de Bordeaux. Pas d’arrestations arbitraires sur simple présomption de culpabilité. La peine de bannissement, quand elle sera prononcée, s’étendra non seulement au territoire de la bastide mais au territoire tout entier de la prévôté de l’Entre-deux-Mers. Prises de gages, amendes en cas de ruptures des scellés, châtiments infligés à l’adultère sont strictement réglementés. Les peines appliquées aux voleurs varient selon l’importance du vol commis et sont très sévères.

Fiscalité, commerce :

Le roi se réserve la moitié du produit des amendes. Les bourgeois et habitants de Créon sont exemptés de la coutume de Bordeaux pour les vins récoltés par eux. Dans la bastide de Créon, le marché se tient chaque semaine. Le baile et les jurats fixent les dates des 6 foires annuelles. Les bourgeois peuvent librement y vendre leurs produits animaux ou végétaux, les étrangers sont soumis à des droits de vente strictement définis et réglementés  et la recette est intégralement reversée au seigneur.

1er vidimus selon les lettres patentes d’Amaury de Craon Bordeaux 13 juin 1315

2ème vidimus dressé par la chancellerie royale Westminster 13 mai 1316.

 

CREON, son bienfaiteur, sa Rosière et son Rosier

Jean-Antoine BERTAL dit Victor naît à Créon le 18 janvier 1817. Il meurt à Nice le 2 janvier 1895. Rentier, il laisse une fortune sous la forme d’une collection d’oeuvres d’art patiemment rassemblée. 

Il offre à Créon, sa ville natale, un ensemble de tableaux, bibelots, meubles pour constituer un musée et quelques centaines de milliers de francs pour reconstruire la mairie, récompenser la jeune fille la plus vertueuse de la cité, trouver un talent caché - un jeune homme capable de devenir un nom connu dans le milieu de la peinture - et pour les nécessiteux de la commune. En outre, désirant être enterré à Créon, il laisse de l’argent pour l’achat d’un terrain à perpétuité, le transfert de son cercueil de Nice à Créon, la construction d’un monument funéraire et des messes. Du fait de son ancienneté, la mairie (qui est le bâtiment de l’ancienne Prévôté) ne pouvant supporter un nouvel étage, doit être reconstruite. En effet, la mairie doit comprendre un étage pour le musée. Le 2 septembre 1907, Créon couronne sa première Rosière et inaugure la nouvelle mairie. Le musée ouvre au public le 21 février 1909. Dans les années 20, le legs tombe dans l’oubli et le musée n’attire plus grand monde. Aujourd’hui, les œuvres restantes sont en dépôt au musée de Libourne dans le cadre d’une convention de partenariat culturel liant les deux villes bastides. Quelques bibelots sont exposés dans une vitrine au premier étage de la mairie. 
La Rosière :
Selon le souhait d’Antoine-Victor BERTAL, le conseil municipal, après délibération, doit tous les ans proclamer "Rosière" "la plus digne", "la plus sage" des demoiselles de Créon. Le 2 juin 1907, Suzanne Salvet devient la 1èere rosière de Créon ; elle a été désignée à l’unanimité, à huis-clos et à bulletin secret, par le conseil municipal.
Tous les ans, au cours du mois de mai, le conseil municipal se réunit pour désigner la Rosière de l’année.

Le Rosier :

Dans son testament, Antoine-Victor BERTAL souhaite encourager parmi les jeunes gens celui qui sera reconnu "le plus intelligent, instruit, d’une conduite irréprochable, ayant l’aptitude pour les arts, le dessin et tout particulièrement pour la peinture". En 1907, il n’y a pas de candidat. Tous les ans, en avril, les garçons ayant entre 12 et 16 ans dans l’année sont invités à venir témoigner de leur goût pour les arts en réalisant un dessin (technique à leur libre choix). Le conseil municipal désigne le gagnant.